2024 – série de 30 travaux – 50 x 50 cm – impression jet d’encre pigmentaire
dossier de présentation téléchargeable
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
–
Dans les régions isolées, les cimetières se meurent.
Les descendants des défunts sont partis depuis longtemps. Il n’y a plus personne pour entretenir les sépultures.
Le temps a passé, il a dégradé, dévasté ce dont l’homme, jadis, avait été respectueux et fier. Nous sommes maintenant bien loin des formules que l’on devine encore sur les tombes : « le souvenir reste », « regrets éternels », « face au défi du temps », « concession perpétuelle ».
La nature a repris le dessus.
On pourrait s’en affliger. Pour le flâneur que je suis, ces cimetières suscitent une vision tout à la fois ethnologique, sociologique et esthétique.
Ici, point d’espace aseptisé, point de tombes stéréotypées faites du même granit gris. Chaque région possédait ses formes de tombe, réalisées dans de la pierre locale, « décorées » différemment. La relation à la mort n’était pas uniforme.
Les couleurs trop vives, les matières trop lisses, les structures hiératiques ont disparu pour laisser place à une richesse plastique vivante et poétique, celle qu’avait déjà perçue les romantiques à travers les ruines monumentales.
–
Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines. Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, et à une conformité secrète entre ces monuments détruits, et la rapidité de notre existence.
…
Il y a deux sortes de ruines très distinctes ; l’une, ouvrage du temps ; l’autre, ouvrage des hommes. Les premières n’ont rien de désagréable, parce que la nature travaille auprès des ans. Font-ils des décombres ? Elle y sème des fleurs. Entr’ouvrent-ils un tombeau ? Elle y place le nid d’une colombe : sans cesse occupée à reproduire, elle environne la mort des plus douces illusions de la vie…
Chateaubriand. Des ruines en général