série commencée en 2007 – impressions jet d’encre pigmentaire – formats : 30 x 30 cm
dossier de présentation téléchargeable
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Expérience de déplacement
Pendant un an j’ai effectué en train des allers-retours entre Compiègne et Paris. Mon regard a été naturellement attiré par les changements de paysages, les variations de lumière du matin, le passage de la ville à la campagne, les graphismes créés par les signaux lumineux, les porte-caténaires, la signalétique des gares. Le végétal se fondait avec le métallique, l’espace aérien avec l’espace intérieur. J’ai regardé cela à travers des vitres plus ou moins givrées qui déformaient la vision de toutes ces choses, les poétisaient, les complexifiaient par des reflets que d’autres auraient qualifiés de parasites.
Le vision morne du petit matin ou fatiguée du soir m’enchantait doublement : le réel s’en trouvait sublimé et cela d’autant plus que me revenaient les souvenirs ferroviaires de mes études de cinéma (« Pacific 231 » de Jean Mitry sur la musique de Honegger, « Nogent, l’Eldorado du Dimanche » de Marcel Carné, « le Meccano de la Générale » de Buster Keaton, les films expérimentaux de Jonas Mekas, « La Prose du Transsibérien » de Blaise Cendrars.)
Parallèlement j’ai regardé mes voisins d’infortune (il ne s’agissait pas d’un voyage de loisir, on allait au travail) pour qui les baies ne semblaient manifestement pas exister. Ils ne regardaient pas à l’extérieur, ils se livraient à d’autres activités bien plus prosaïques :
- la lecture de revues, la pratique de jeux solitaires
- le travail sur ordinateur, ou le visionnement d’un dvd
- la discussion avec leurs voisins sur les petits tracas du quotidien ou le choix d’une voiture
- le peaufinage ultime du maquillage, etc
Millefeuille spatial et temporel
A partir d’un trajet répétitif et de courte distance, c’est à dire l’antithèse même du voyage, trois voyages se sont superposés : mon voyage à l’extérieur de la voiture, mon voyage dans le passé et le voyage des autres passagers, chacun avec son propre espace physique et mental, son propre temps.
Pour mener à bien ce projet, j’ai pris beaucoup de clichés de vitres et j’ai saisi, à la dérobée et en gros plan, quelques traces des diverses activités des passagers (J’ai tout fait pour que les personnes ne soient pas reconnaissables). Ces 2 types de clichés ont été associés par superposition. créant de la sorte des déplacements parallèles : oscillation entre deux univers intimes, passage d’une vision en travelling latéral à une circulation en profondeur dans le plan.