2012 – 30 x 30 cm – impression pigmentaire
dossier de présentation téléchargeable
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Travail sur la mémoire : à la fois celle d’un métier disparu, la brosserie, et parallèlement celle de mon enfance.
L’Association pour un Musée de la Brosserie dans l’Oise m’a sollicité pour réaliser des prises de vue des machines et des outils du musée de la Brosserie de Saint Félix qui fermait ses portes. A la vision de que j’avais devant moi s’est superposé le souvenir l’atelier de mon grand-père, bourrelier.
Les outils, qui s’y trouvaient, au début je ne savais pas les nommer, je ne connaissais pas leur usage. Il m’était interdit d’y toucher, ils étaient dangereux. Le seul contact tactile que j’avais avec les choses était celui avec les chutes de cuir que j’étais autorisé à ramasser pour jouer. Progressivement j’ai découvert à quoi servait chaque outil. J’ai appris à les nommer. Puis j’ai eu l’honneur de repasser l’aiguille sous le matelas, de poisser le fil et de carder la laine.
Dans cet atelier je me suis outillé pour ma vie d’adulte : j’ai appris que tout travail exigeait méthode et patience, j’ai su ce qu’était un beau geste, j’ai pris conscience qu’il fallait à la fois respecter et craindre les outils, les machines. J’y ai surtout affiné mon regard, développé une sensibilité aux couleurs et aux matières, ce qui, rétrospectivement, explique que je sois devenu plasticien.
Le métier de mon grand-père était la seule richesse dont il disposait, sa fierté. L’automatisation numérique a fait disparaître tout cela. Ces images muettes se veulent un hommage à cette période révolue.
Revanche de l’histoire : l’obsolescence des outils que j’ai utilisés pour réaliser ces images est déjà programmée.