vanité 4.1

2005 – série en cours – 30 x 37,5 cm – impression pigmentaire

dossier de présentation téléchargeable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Passages

J’ai été ce que vous êtes, vous serez ce je suis.
Epigraphe sur le portail du cimetière de Bourberain

Quand je voyage, j’ai l’habitude de visiter les cimetières des régions ou des pays traversés. C’est une manière de découvrir des mœurs et des modes de pensée autres, de voyager dans le temps.

Souvent en Espagne il n’y a pas de pierres tombales : les sépultures se présentent sous la forme d’un empilement de niches à l’apparence d’un petit immeuble. Devant la paroi qui les obstrue se trouve à une courte distance une porte vitrée. Entre les deux, dans cet espace réduit, sont déposés des portraits des défunts, des objets de culte, des reliques. Certaines de ces niches sont juste à la hauteur des yeux de celui qui passe. Cette scénographie ne pouvait m’échapper et a eu pour effet de m’interpeller par plusieurs aspects.

  • Les images encadrées sont celles de personnes, déjà figées dans leur pose, que la photographie a pétrifiées. Au lieu de rappeler un souvenir vivant du défunt, elle donne voix en sorte à une parole d’outre-tombe.
  • Malgré cela, la photographie nous fait oublier l’état réel de l’occupant de la tombe. L’image serait-elle faite pour occulter ?
  • La vitre, pour mettre à l’abri du toucher, protège aussi inconsciemment du regard : elle reflète la lumière du jour, le décor saisonnier du cimetière, le visage du visiteur et par la même brouille la perception, oblige le passant à déplacer son corps pour mieux voir. Pied de nez des morts aux vivants.

Passages complexes de la vie à la mort, de l’image à la réalité. Les frontières ordinairement évidentes sont bousculées : qu’est-ce qu’être mort, qui est le regardeur, qui est le regardé ? Mise en abîme de l’image.

Passage entre l’avant et l’après, entre le devant et le derrière, entre le visible et le caché, circulation en surface et en profondeur.