vanité 13

série commencée en 2008 – 24 x 24 cm – impression pigmentaire

dossier de présentation téléchargeable

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les paroles s’envolent, les écrits restent.

Partant de ce principe, l’homme, rêvant d’immortalité, a trouvé, au cours de l’histoire, divers moyens pour laisser sa trace sur terre, ce qu’il a fait entre autre par l’écriture :

  • il a inscrit son nom dans la pierre des palais et des tombes, dans le métal des bijoux
  • il a écrit des récits sur des matériaux plus ou moins résistants : argile, bois, papyrus, parchemin, papier

Hélas, le proverbe ne vaut que sur une courte durée.
Les écrits, s’ils ne s’envolent pas, peuvent disparaitre. S’ils ne s’effacent pas sous les assauts des éléments et du temps, les hommes se chargent de les détruire pendant les guerres, les révolutions.
Des pierres et des tablettes se trouvent être cassées, érodées, des livres brûlés, lacérés. Les papyrus et les parchemins se putréfient, l’encre s’efface.

Cela, l’homme l’oublie. Mis à part les autodafés mémorables du fait de leur violence, la disparition des écrits se fait de façon lente, donc imperceptible. Ce n’est que des siècles plus tard, voire des millénaires que l’on redécouvre l’existence d’une civilisation à travers des traces écrites.
A la fin du 20ème siècle, l’histoire s’accélérant, une technique en chassant une autre, une industrie une autre, une mode une autre, on trouve simultanément des vestiges d’activités abandonnées, de matériaux supplantés : le bois et l’acier peints laissent la place au plastique et à l’aluminium, eux-mêmes laissant leur place au néon ou aux diodes luminescentes. La typographie aussi évolue à un rythme effréné comme jamais depuis Gutenberg. L’avant-gardisme d’aujourd’hui sera la ringardise d’après-demain.
A t-on pour autant conscience de cet état de fait, de la vanité de tout cela ? L’obsolescence fait dorénavant partie de notre environnement quotidien.

Vite, mémorisons toutes ces traces avant qu’elles ne disparaissent définitivement.
Paradoxe : je fais cela avec l’outil numérique. Serait-ce un piège qui se referme : sera t-on capable dans un siècle de lire les fichiers numériques de mes textes et de mes images ?