2019 – impressions jet d’encre pigmentaire – formats : 30 x 62 cm
dossier de présentation téléchargeable
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Mars 2019. Pour la première fois je fais un court séjour à Tokyo.
Très tôt j’ai eu une attirance certaine pour le Japon, sa culture : sa musique traditionnelle, le kabuki, les estampes, le haïku.
Qu’en serait-il sur place ? Comment ne pas japoniser ma vision du pays ?
J’ai quelques principes et quelques trucs pour partir à la découverte d’une ville.
- endiguer tout ethnocentrisme
- ne pas céder à l’effet de surprise, au pittoresque, à l’espièglerie voire à la moquerie caustique ou compassionnelle
- ne pas jouer à l’ethnographe du dimanche, refuser tout projet démonstratif
- fuir les lieux balisés par les guides touristiques
- quadriller la ville pour la prospecter quartier par quartier, sans les hiérarchiser
- marcher, traîner, déambuler et ouvrir les yeux
Cela dit, c’est surtout la topologie de Tokyo, peu évidente pour un occidental, qui m’a aidé dans cette exploration. On est vite désorienté dans toutes les acceptations du terme. Il nous faut consentir à ne plus être dans la maîtrise, à s’effacer, à se laisser porter. Ne plus chercher à comprendre, butiner au gré du temps, des pas, sans autre but que de percevoir sans finalité désirée. La magie de ce qui nous environne opère. Tout est enchantement, même le trivial. La ville devient sous nos yeux une accumulation de signes sans sens (si cela est concevable), de traces de quelque chose qui nous échappe. Peu importe, ils nous captivent.
Cette cueillette de signes a été organisée sous forme de diptyques assumant leur hiatus : ces images disent déjà d’elles-mêmes, leur interrelation aussi, l’interstice qui les sépare tout autant, si ce n’est davantage.
L’ensemble des diptyques fonctionne lui en réseau implicite. Les diptyques inter-réagissent, se répondent. La ville parle. La ville m’a fait parler.
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Je vois, j’assemble des ressemblances
je vois, je rouvre des différences
Formidable !
Quels échanges !
Henri Michaux, Connaissance par les gouffres.