flatland

Le titre de ce blog, Flatland, est emprunté à Edwin Abbott Abbott.

Notre culture déconsidère tout ce qui est plat au profit de la profondeur : dire des platitudes, une femme plate / un esprit profond, un récit plein de rebondissements. Les nouvelles technologies mettent en avant le saut qualitatif que représenterait la 3D* dans les jeux informatiques, au cinéma. Elles seraient l’aboutissement d’un progrès commencé dès la Renaissance avec l’invention de la perspective et développé avec l’invention de la photographie.

Je me propose avec cette série de questionner le monde dans sa bidimentionnalité, d’aborder une profondeur de plan et non plus de champ, si possible pour ne pas s’en tenir à la surface des choses.

* on devrait plutôt dire illusion de la 3D

 

Eléments bruts de réflexion à  propos de FLATLAND

Cette magnifique et fascinante prolifération de « toiles photographiques » submerge le regard.
Le titre de cette impressionnante série « Flatland » nous renvoie à l’allégorie décrite par Edwin Abott Abott en 1884 où  est développée l’idée qu’une dimension spatiale autre que celles que nous sommes capables d’appréhender, existe….

Ne s’agit-il pas de pénétrer dans une dimension autre que la bi-dimensionalité du carré , une dimension spirituelle assimilable à la quatrième dimension difficile à concevoir pour l’homme ?
Choix du carré comme format  cependant , le carré étant le symbole du monde réel. DL passe outre cet espace bidimensionnel sans profondeur , superficiel pour glisser dans l’image photographique deux plans superposés, un plan visible (trace visuelle) et un plan lisible (conceptuel).

Il développe notamment son travail autour d’une approche non-figurative qui trouve ses références dans une évolution historique de l’art contemporain (impressionnisme , abstraction , peinture gestuelle , affiches lacérées…) en y imprimant sa subjectivité.  

Imprégnation d’éléments atmosphériques (eau , vapeur d’eau …) jeux de lumière sur des fragments d’espaces (trottoirs, murs, vitres ou verre armé , trames textiles , grillage), coagulation de formes colorées, matières organiques , fragments décolorés, écaillés , accumulation d’objets abandonnés de rebuts … tous ces événements saisis au passage, « cadrés » sont sujets de compositions poétiques infinies qui plongent le regardeur dans la contemplation.

J’éprouve un intérêt plus vif pour les œuvres où sont présents les signes graphiques. Ils sont multiples proliférants et me semble-t-il sont emblématiques  de cet ensemble de photographies : Lettres , chiffres  ou numéros (magiques ?), agencement accidentel de traits , qui ne font pas (ou plus) sens ou sont non reconnaissables recouverts par la couleur , représentations symboliques simples (croix, flèches, cercles crayonnés…  au mur ou au sol),  traces d’un caprice, tous ces gestes singuliers insignifiants deviennent images et ouverture sur ce que François Cheng nomme « une rêverie active ».

Dominique Saint-Dizier